Le Bangladesh, sauvage royaume des eaux et des bêtes
Pour ce deuxième volet de la rubrique TERRE INCONNUE, rendez-vous au Bangladesh. En dix points, voici ce qui fait l'âme de ce pays “brut”, peu fréquenté par les Occidentaux, qui n'en connaissent que la pauvreté ou la "main-d'œuvre". Il recèle pourtant de nombreux attraits touristiques, inhabituels et inattendus.
Paysages, nature
SAU-VAGE. Voilà ce qui caractérise le mieux les paysages ruraux du Bangladesh. Les plages (ci-dessus, sur l'île de St Martin), désertes, bordées de végétation enchevêtrée, s'étirent à perte de vue.
À proximité immédiate des villes (ci-dessus, dans les environs de Cox's Bazar), la verdure reprend rapidement ses droits. On se sent petit face aux prouesses de Mère Nature.
En raison des déchaînements climatiques qui le frappent régulièrement, l'environnement bangladais revêt également des allures plus apocalyptiques. Dans les Sundarbans (ci-dessus, à Kotka), des décors de désolation se parent des teintes changeantes de la journée.
L'atmosphère est cependant parfois plus sereine. Ci-dessus, près de Bandarban, dans les Chittagong Hill Tracts, le temps défile lentement au rythme des barques qui voguent sur la rivière Sangu, encadrée de plantations de tabac.
Les gens
Autant dire qu'on devient rapidement l'attraction principale, où que l'on se promène. Les Bangladais sont curieux et posent constamment des questions.
Même dans les villages les plus reculés (ci-dessus, un artisan d'instruments de musique dans un village murong des Chittagong Hill Tracts), il y a toujours quelqu'un qui pointe le bout de son nez. Les locaux n'hésitent pas à raconter leur histoire, à faire visiter leur maison…
Les Bangladais sont en grande majorité souriants et sereins (ci-dessus, le capitaine du bateau ML Bonbibi). Leur flegme doit constituer un héritage de l'occupation britannique (mi-XVIIIe siècle)…
Villes, architecture
De nombreuses influences (historiques, religieuses…) ont façonné le paysage architectural du Bangladesh. Ci-dessus, le Small Govinda Tempe, à Puthia, dans la division de Rajshahi, expose des fresques hindoues et de larges courbes terracotta.
L'islam est la religion d'État et les villes (ci-dessus, Chittagong et la mosquée Chandanpura) sont ainsi parsemées de lieux de culte musulmans, aux lignes bien représentatives. Les bâtisses ne sont pas constamment en bonne condition mais elles représentent de toute façon des repères et des sanctuaires majeurs pour les Bangladais.
L'Ahsan Manzil (ou Pink Palace), ancienne résidence des Nawabs de Dhaka (ils étaient les nababs de l'agglomération), est l'une des constructions les plus emblématiques du pays. C'est aujourd'hui un palais-musée fréquenté par environ trois millions de visiteurs. L'édifice est de style indo-gothique : il mêle les architectures indo-islamique, indienne, néoclassique et néogothique. Le résultat, joliment rénové, est lumineux, impressionnant et concentre toute l'activité du quartier le long des grilles qui l'encadrent.
Transports, moyens de locomotion
Au Bangladesh, un pays découpé et modelé par les eaux, le bateau est roi. Les ferries (ci-dessus, celui reliant Teknaf à l'île St Martin, dans la baie du Bengale) transportent quotidiennement un nombre incroyable de passagers. Il y existe des "zones 1ère classe", mais l'authenticité qui règne dans les classes "normales" devrait orienter l'achat vers les billets les plus économiques…
En ville (ci-dessus, à Chittagong), c'est une véritable cacophonie. Entre les bus pétaradants, les motos, les rickshaws (pousse-pousse dirigés par un homme à vélo), les CNG (pour Compressed Natural Gas : rickshaws motorisés à trois roues)… le bruit est insoutenable, et les trajets à coup sûr mouvementés. Si on ajoute à cela la pollution que la plupart des engins produisent et la présence de nombreux vélos et piétons, cela donne une bonne idée du trafic urbain apocalyptique.
Sur les rivières, on croise d'innombrables petites barques, inévitables pour se faufiler sur les affluents plus étroits (ci-dessus, au cœur de la forêt de mangrove de Kochikali, dans les Sundarbans). Silencieuses, écologiques, elles contribuent à l'atmosphère mystérieuse des zones les plus éloignées.
Faune et flore
Les Sundarbans constituent le royaume de la vie sauvage. En plus des tigres et des abeilles géantes (mortelles), des crocodiles lézardent sur les berges de la grande rivière Rupsa. On aperçoit en général d'imposants spécimens, longs de plusieurs mètres. Certains bêtes sauvages (comme ce sanglier, ci-dessous, à Kochikali) y sont aussi parfois domestiquées.
Infrastructures touristiques, activités
Lors des trajets en bateau, qui s'étendent parfois sur plusieurs jours, des cabines simples ou doubles sont disponibles à la réservation (ci-dessus, lors du voyage entre Barisal et Chittagong). Les toilettes sont à l'extérieur mais on y trouve en général un lavabo. La literie y est, de surcroît, tout à fait acceptable.
Sur quelques plages (ci-dessus, à Kuakata), on peut louer un transat avec parasol pour quelques centaines de takas (1 euro = 105 takas, au 6 juin 2014). En général, la foule ne se bouscule pas. Il n'est donc pas rare de pouvoir profiter de ces installations aussi longtemps qu'on le souhaite.
Sur le mythique Rocket (ci-dessus), qui relie Dhaka à Khulna, les cabines et les parties communes ont plus de cachet que sur les embarcations habituelles, classiques voire quelque peu délabrées. L'atmosphère est "poussiéreuse", ce qui ajoute toutefois au charme rappelant les fastes coloniaux d'antan.
Saveurs
Un peu partout, des échoppes de rue préparent des chapatis (galettes de blé complet) à la demande, que l'on peut garnir avec de la sauce ou du fromage.
Avec une telle omniprésence de l'eau, on pourrait croire qu'on ne trouve que du poisson, partout, tout le temps. Ce n'est pourtant pas tout à fait le cas, même si les marchés (ci-dessus sur l'île St Martin) regorgent de poisson séché (le poisson frais est moins fréquent).
Dans la division de Sylhet, plus précisément à Srimangal, les plantations de thé sont reines. Aussi, certains établissements servent l'étonnant "Thé cinq couleurs" (ci-dessus), composé de cinq couches de différent parfum. Désormais, on trouve même du "Thé dix couleurs", soit une véritable œuvre d'art…
Coutumes, culture, quotidien
Environ 90 % de la population sont musulmans (énorme majorité sunnite), soit près de 125 millions de personnes, ce qui constitue la troisième plus grande communauté de cette religion dans le monde (après l'Indonésie et le Pakistan). Ainsi, beaucoup de mosquées garnissent les villes (ci-dessus, la Star Mosque, à Dakha) et les villages.
De nombreux festivals étoffent le calendrier bangladais. Dans les Sundarbans, celui de Bonbibi Mela (ci-dessus) est célébré aussi bien par les Hindous que par les Musulmans. Des figurines artisanales de Bonbibi (l'esprit protecteur pour tous les travailleurs de la forêt) et d'autres idoles sont réalisées par les communautés locales, peintes de couleurs vives, puis ornées d'apparats de toutes sortes. Pendant plusieurs jours, généralement en janvier, des célébrations ont lieu, rythmées par les prières des habitants.
Le Bangladesh est la nation la plus densément peuplée au monde, si l'on met de côté les pays de très petite taille tels que Monaco, Singapour, les Maldives… Dhaka illustre à merveille cette caractéristique, mais quelques sites précis (ci-dessus Shankharia Bazar, alias Hindu Street), bien que largement fréquentés, jouissent tout de même d'une atmosphère relativement sereine. La profusion de couleurs généralement associée à la religion hindoue et ses offrandes se retrouve parfaitement dans cette étroite ruelle.
Couleurs
À Hinani Beach (ci-dessus), dans les environs de Cox's Bazar, les parasols, écrasés par un soleil de plomb, s'harmonisent aux gourmandises vendues par un trishaw de plage.
À Rangamati, au bord du lac Kaptai (ci-dessus), dans les Chittagong Hill Tracts, les grandes barques à moteur qui arpentent le plan d'eau stationnent près des cases haut perchées sur pilotis.
Le lever de soleil à Kuakata, dans la division de Barisal, parsème l'horizon de brume orangée. Le paysage devient onirique. Sur la photo ci-dessus, à l'arrière-plan, on distingue les silhouettes des lève-tôt, qui arpentent les longues bandes de terre serpentant dans la baie du Bengale.
Le verdict
Pour aller au Bangladesh et, surtout, pour y apprécier son séjour, il faut aimer discuter avec les gens, car tous, là-bas, voudront avoir une parole de votre part, si ce n'est une photo à vos côtés. Si la foule vous effraie, évitez en priorité les grandes villes que sont Dhaka et, dans une moindre mesure, Chittagong. Enfin, si vous êtes aquaphobe, attendez-vous à connaître des déplacements limités, voire à devoir éviter des régions entières. Ce qui serait tout de même dommage étant donné les merveilles naturelles qui se trouvent dans la moitié sud du pays.
GT vous dit tout
C’est qui ? Des gens très curieux et généreux qui n'auront qu'une envie : partager quelques moments avec vous.
C’est quoi ? Un pays à l'image assez négative (manifestations politiques, catastrophes naturelles, immense pauvreté) très rarement inscrit sur la travel list des touristes occidentaux. Les surprises (positives) n'en seront que plus grandes…
C’est où ? Entre l'Inde et le Myanmar, au bord de la baie du Bengale.
C’est quand ? Privilégiez largement la saison sèche, d'octobre à mars, pour éviter les fréquentes inondations qui sévissent dans la plupart des zones à visiter. Attention toutefois aux températures plutôt fraîches pendant cette période.
C’est comment ? – Choisissez une des compagnies du Golfe (Qatar Airways, Kuwait Airways, Emirates, Saudia Airlines) pour vos vols Paris-Dhaka. Les tarifs sont régulièrement plus intéressants. Et c'est une belle occasion de faire une escale prolongée, au retour, pour découvrir une des villes de la région (Doha, Koweït, Dubai…).
– Mieux vaut obtenir le visa avant l'arrivée à l'aéroport de Dhaka. Il coûte 60 euros pour 3 mois et peut être demandé auprès de l'Ambassade du Bangladesh à Paris. Formulaires et renseignements sur le site Web de l'Ambassade.
– Sur place, le budget quotidien minimum est d'environ 15 dollars US, pour les plus économes. Si vous réservez des tours organisés, des cabines "de luxe" sur les bateaux et que vous mangez systématiquement au restaurant, les frais peuvent facilement tripler. Ceci dit, les dépenses ne seront jamais astronomiques, étant donné la faible présence d'infrastructures haut de gamme.
C’est pourquoi ? – Pour naviguer, naviguer et encore naviguer… sur des embarcations allant de la petite barque au bateau à aubes d'époque coloniale.
– Pour rencontrer des personnes généreuses, souvent joyeuses, toujours bavardes.
– Pour partir en quête des nombreux animaux sauvages et être enivré par le danger.
Infos Actualités et démarches administratives sur le site Web de l'Ambassade du Bangladesh à Paris. Actualités sur le site Web de l'Ambassade de France au Bangladesh. Informations touristiques sur le site de l'Office de tourisme du Bangladesh.