Au Timor Oriental, on profite des rencontres avec la population et des sites préservés
GT inaugure aujourd'hui sa toute nouvelle rubrique, TERRE INCONNUE. Au menu : la découverte de contrées mystérieuses dont vous ne savez que peu de choses, voire rien du tout. En dix chapitres, vous pourrez prendre conscience des grands traits de ces pays souvent secrets, en tout cas peu fréquentés par les touristes de nos régions. Premier volet de cette saga inépuisable : le Timor Oriental.
Paysages, nature
Les plages est-timoraises jouissent d'une très grande cote auprès des "backpackers" avertis. Un secret de polichinel les qualifie même de "plus belles plages du monde". Quoiqu'on en pense, celles de Jaco Island (photo ci-dessus) n'en sont vraiment pas loin. Elles sont extrêmement difficiles d'accès (et donc quasiment désertes), propres et bordées d'une végétation abondante mais pas envahissante. L'eau est cristalline et magnifiquement teintée.
Le littoral occupe une part prépondérante du territoire, et c'est essentiellement là que se concentrent les principaux villages et villes. Rien de "défigurant" toutefois. Palmiers, casuarinas, rizières, cocotiers, parfois végétation plus touffue… garnissent le paysage côtier.
L'intérieur des terres pourrait être décrit comme "sauvage". Non loin de la mer (ci-dessus, dans les environs de Baucau), on trouve des rizières et de vastes étendues de terrains en friche. Au fur et à mesure qu'on se rapproche du centre du pays, le paysage devient presque montagneux (point culminant à 2963 mètres, mont Tatamailau), en tout cas vallonné. Le climat rend ici la végétation moins luxuriante ; les plantations de café envahissent régulièrement les collines.
Les gens
La population du Timor-Leste (nom officiel international du Timor Oriental) s'est stabilisée à environ 1,2 million d'habitants. Celle-ci est extrêmement jeune et on n'a l'impression de croiser quasiment que des enfants (ci-dessus, sur l'île d'Atauro) et des adolescents (ci-dessous, à Osolata).
On peut distinguer sur les visages de certains Est-Timorais des traits hérités des populations de Papouasie-Nouvelle-Guinée ou de Polynésie.
Rares sont les habitants à parler anglais, mis à part les étudiants. Quelques notions de portugais peuvent être utiles pour communiquer avec des anciens, notamment dans certaines zones isolées.
Tous sont en tout cas d'une gentillesse extrême et cherchent constamment à échanger mots et sourires avec les visiteurs.
Villes, architecture
Dili, la capitale (ci-dessus, le district Motael), est la seule véritable "grande" ville du Timor Oriental. Elle demeure toutefois agréable est surtout pas oppressante. Elle s'avère assez hétéroclite, entre son Waterfront, ses quartiers cossus aux larges avenues, ses zones de bâtisses coloniales…
Viennent ensuite de nombreuses cités secondaires (ci-dessus Baucau), moins peuplées, moins étendues, mais qui constituent des capitales régionales précieuses dans des régions parfois éloignées. On peut citer notamment Viqueque, Lospalos, Aileu, Liquiça… L'architecture coloniale y est parfois présente, rendant le décor photogénique. Mais il arrive également que la majorité des bâtiments ait été détruite au cours du dernier quart du XXe siècle, pendant le dramatique conflit avec l'Indonésie, et que les édifices ne soient pas encore reconstruits.
Enfin, des villages (de quelques milliers d'habitants maximum) se retrouvent occasionnellement sur le chemin des voyageurs grâce à leur marché (ci-dessus, à Maubisse), leur fort portugais, leur air pur et frais… Là, de nombreuses cases en bois ou en tôle, plus ou moins charmantes, et, exceptionnellement, de luxueuses demeures d'altitude.
Transports, moyens de locomotion
Selon les régions et les distances, les transports publics prennent différentes formes. L'emblématique "mikrolet", équivalent d'un mini-bus "relativement" confortable, s'avère être assez efficace et plutôt rapide. Les places, bien qu'extensibles, sont à un moment ou un autre restreintes. Sur d'autres trajets, des angguna, camions avec benne (photo ci-dessus), aménagée de bancs ou non, sillonnent les routes en quête de passagers. Il n'y a alors plus de limite et on s'entasse comme on peut. Quelques bus "classiques" effectuent également le trajet entre Dili et Baucau, par exemple. Dans Dili, des taxis parfois folkloriques (tuning, éclats de pierres sur le pare-brise…) offrent des courses à bas prix, bien utiles pour sortir le soir.
Pour gagner les endroits les plus reculés, où les transports publics ne circulent pas, les plus fortunés peuvent opter pour des 4x4. L'aspect tout-terrain est indispensable, étant donné l'état des routes et des chemins arpentés. La location est envisageable à Dili, la capitale.
Les barques, ferries et autres pirogues à balancier fourmillent dans les eaux qui bordent le Timor Oriental. Qu'il s'agisse de transport régulier de passager, de moyen de locomotion pour aller à l'école (ci-dessus, près de l'île d'Atauro) ou encore d'outil indispensable pour la pêche, le bateau est un incontournable du quotidien est-timorais.
Pour les moins fortunés (ou tout simplement ceux qui souhaitent prendre leur temps, découvrir des endroits improbables, faire des rencontres inattendues…), reste la solution de "facilité" : la marche (ci-dessus, la route entre Fuiloro et Tutuala). D'autant plus que certains villages ne sont pas desservis par les transports publics, et qu'il n'y a donc aucune autre option. Il est fréquent qu'un véhicule privé s'arrête et propose de conduire le marcheur à destination, ou tout du moins de l'avancer un peu.
Faune et flore
La faune du Timor Oriental, bien que diversifiée, ne peut être considérée comme l'unique but d'un voyage. Il n'y a pas vraiment de lieu pour pouvoir observer des animaux sauvages, oiseaux exceptés. Au rayon des animaux domestiques, on croise aisément des cochons, des buffles, des chèvres… au bord des routes. C'est la faune sous-marine qui représente le plus d'intérêt pour les visiteurs.
Le Timor-Leste bénéficie d'un environnement tropical en majorité aride. De surcroît, la déforestation massive perpétrée pendant de nombreuses années a fait beaucoup de mal à la végétation. Sur la plupart de l'île, la flore n'est donc pas très développée. On trouve tout de même quelques endroits agréablement fleuris, en ville (ci-dessus, bougainvillées à Dili) ou, de façon plus "sauvage", en zone rurale (sud, extrême-est).
Infrastructures touristiques
Hors la capitale, les principaux hébergements susceptibles d'accueillir les touristes sont des bungalows plutôt rustiques, plus ou moins grands, plus ou moins équipés (mais jamais suréquipés). Ils se trouvent essentiellement près de la mer (ci-dessus, à Osolata ; ci-dessous, à Tutuala Beach) et coûtent environ 15US$, dîner et petit déjeuner souvent inclus. À Dili, quelques hôtels plus haut de gamme et des auberges avec dortoirs bon marché.
Côté bars et restos, tout se passe à Dili. La colonie d'expats et les touristes de passage se croisent dans les établissements du waterfront à l'ouest du phare. Là, burgers, pizzas, cocktails, billard et sport sur grand écran. Le tout avec de la musique très forte, et très éclectique. Ailleurs dans la capitale, et dans les autres villes, des restaurants indo-asiatiques, des kakilimas (stands de rue), des warungs (échoppes), des supermarchés… Quelques bars moins fréquentés et moins "agités" (ci-dessus, la Smokehouse) attirent les faveurs des voyageurs.
Saveurs
La nourriture est-timoraise associe principalement du riz à du poisson grillé (selon la pêche du jour…), voire du poulet en soupe ou en satay (brochette). Peuvent également être servis des œufs, des crudités, des nouilles… Pour le sucré, des fruits (banane, papaye, tamarin…) ou des "douceurs" telles que les pâtes de piment.
Au premier rang des boissons, le café. Cet arabica de qualité possède une belle renommée (il est très répandu dans les blends Starbucks) et constitue une part importante du PIB national. La bière* est présente, notamment l'indonésienne Bintang ou la singapourienne Tiger.
Coutumes, culture, quotidien
En raison des chaleurs intenses, les locaux passent une majeure partie de leur temps à l'ombre d'arbres ou de murs. Ci-dessus, une maison traditionnelle Fataluku de l'est du pays, où l'ethnie du même nom regroupe quelques dizaines de milliers de personnes.
Environ 90 % des Est-Timorais sont catholiques. En découle donc une importante présence d'églises ou de monuments chrétiens (ci-dessus, la statue du Christ au Cap Fatucama, aux abords de Dili).
La majorité de la population du Timor Oriental vit près du littoral. La pêche est donc primordiale pour essayer de grappiller quelques sous. Sur l'île d'Atauro (ci-dessus, à Beloi), c'est d'ailleurs encore plus capital, l'activité étant quasiment la seule source de revenus.
Près de la plage très isolée d'Isolata, prénommée Pantai Wataboo, pas de route, pas de voiture, pas de commerce… C'est donc en arpentant les chemins de terre poussiéreux que se font les allers-retours avec la ville.
Sur le petit bras de mer du Timor qui sépare Tutuala Beach et l'île de Jaco, il n'y a quasiment aucun passage. Seules quelques barques ou pirogues naviguent pour relier les points inaccessibles de la côte, voire transporter les (très) rares touristes.
Couleurs
La piscine de Baucau, extirpée de la jungle, a parfois été à l'abandon, tapissée de végétation. Dans le cas contraire, elle est remplie d'eau d'une source naturelle avoisinante.
Même en plein centre-ville de la capitale Dili (ci-dessus, la rue du Président Nicolau-Lobato), les enseignes, pancartes et autres publicités semblent dater d'une autre époque…
Les eaux de la baie de Dili (ci-dessus, un panorama de la plage Areia Branca) exhibent de superbes teintes bleues et vertes. Des sites propices au snorkelling sont disséminés à distance raisonnable de la capitale.
Le verdict
En dépit des mises en garde affichées par les autorités internationales, le Timor Oriental est un pays plutôt "calme" et, surtout, ses habitants sont très chaleureux. Naturellement, les précautions usuelles sont à appliquer et il convient d'éviter les périodes d'élections ainsi que toute zone de manifestation. Pour le reste, il s'agit de se fondre au maximum dans la population locale. Le Timor-Leste est un pays peu fréquenté par les Occidentaux. On en revient donc avec la tête pleine de souvenirs inédits et exotiques. Les régions les plus reculées de l'extrême-est abritent notamment des plages sauvages parmi les plus somptueuses du monde.
GT vous dit tout
C’est qui ? Des gens chaleureux, avides de discussions et de rencontres.
C’est quoi ? Un pays "du bout du monde" méconnu, dont les portes sont longtemps restées bloquées aux Occidentaux en raison d'un triste dernier quart de XXe siècle.
C’est où ? – Sur l'île du Timor (qui appartient aux Petites îles de la Sonde), partagée entre l'Indonésie (à l'ouest) et le Timor-Leste, indépendant, à l'est.
– À quelques centaines de kilomètres au nord-ouest de l'Australie.
C’est quand ? La période idéale pour se rendre au Timor Oriental est la saison sèche, soit de mai à novembre.
C’est comment ? – Des vols directs relient Singapour (avec la compagnie Air Timor), Darwin (Australie/avec Air North) et Denpasar (Bali, Indonésie/avec Merpati ou Sriwijaya Air) à Dili. Mais les billets sont généralement assez chers. Pour réduire les coûts, il est possible de prendre un ticket jusqu'à Kupang (partie occidentale –indonésienne– du Timor), puis un minibus de Kupang à Dili (entre 11 et 12 heures).
– Le visa peut s'obtenir à l'arrivée à l'aéroport (validité 3 mois/30 dollars US/prévoir la taxe de départ de 10 dollars US). Il peut également être obtenu au passage de la frontière terrestre mais, dans ce cas, il faudra en faire la demande au préalable, sur le site Internet des services d'immigration.
– Sur place, le budget quotidien minimum est d'environ 30 dollars US. Évidemment, il faut faire attention à chaque dépense et limiter ses déplacements (transports locaux uniquement) et ses activités (pas de plongée, par exemple).
C’est pourquoi ? – Pour s'allonger (voire camper) sur des plages désertes parmi les plus belles du monde.
– Pour partir à la rencontre d'une population accueillante et curieuse.
– Pour voyager loin du tourisme de masse et jouer aux Robinson aventuriers.
Infos Actualités sur le site Web de l'Ambassade de France en Indonésie et au Timor Oriental, et informations touristiques sur The Unofficial Guide to East Timor.
(*) L'abus d'alcool est dangereux pour la santé. Consommer avec modération.